enfant préscolaire 3-6 ans

Pour une re-connaissance de l’enfant préscolaire

Vous me connaissez en tant que praticienne et maître Reiki, géobiologue et lithothérapeute. Dans cet article, je veux revenir sur une discipline que j’ai pratiquée en tant que chercheur et pratique encore en tant qu’enseignante : la communication.

Il s’agit bien plus que de savoir seulement utiliser de « jolis mots ». Il s’agit aussi de savoir décoder ce que d’autres laissent entendre, des représentations que vous pouvez posséder.

J’ai été la première spécialiste en Sciences de l’information et de la communication à travailler sur les très jeunes publics, les publics préscolaires, âgés de trois à six ans. C’était il y a plus de 10 ans. J’ai pris plaisir à réaliser ce travail passionnant.

Passionnant car il me permettait de reconnaître une partie de nous tous : le petit enfant âgé de 3 à 6 ans.

Aujourd’hui une partie de mes travaux me rattrape. Je rencontre des situations dans mon cabinet et à l’extérieur qui me montrent où en sont les adultes dans leurs représentations des enfants.

C’est de cela dont cet article va traiter pour vous inviter à prendre conscience de l’importance d’écouter, d’accompagner et d’utiliser les mots justes avec ces merveilleux êtres que sont les enfants.

Ils sont très intelligents et doivent être canalisés dans le bon sens. Encore faut-il avoir conscience de qui ils sont vraiment.

L’émergence de l’enfant en tant qu’individu

L’émergence de l’enfant dans la société française a dû attendre longtemps. L’enfant n’avait de réelle valeur que dans des familles bourgeoises où il transmettait un nom, une lignée (particulièrement vrai pour les garçons). Pour les familles rurales ou ouvrières, il constituait la plupart du temps une bouche à nourrir.

Il n’avait pas vraiment son mot à dire sur ce qu’il souhaiterait avoir dans son assiette ou pour Noël.

Puis plusieurs facteurs ont joué un rôle déterminant dans la prise en compte progressive de l’enfant : l’Emile de Rousseau, les dames bienfaitrices qui commencèrent à créer des institutions pour accueillir et prendre soin des enfants, la Révolution française aussi.

L’instruction obligatoire a été également un signe de l’attribution d’une place de l’enfant dans la société française.

De nombreux ouvrages de sociologie de la famille évoquent par ailleurs l’évolution de la famille en France et de la place de l’enfant dans celle-ci.

L’enfant préscolaire : son hygiène, sa protection

Dans la dynamique de ces évolutions, des spécialistes ont pris conscience de besoins différenciés, notamment au niveau des soins à apporter aux enfants, de leur instruction, selon des catégories d’âge.

Les salles d’asiles créées en 1837 accueillent des enfants âgés de 3 à 6 ans. Vous les connaîtrez plus tard sous le nom d’écoles maternelles.

Les enfants accueillis sont nourris. Et progressivement des méthodes d’instruction sont créées plus spécifiquement à leur destination pour éveiller leurs sens et toutes leurs capacités.

La création des salles d’asiles est considérée à l’époque comme un tournant historique pour la société : le moment où on va pouvoir changer la société par son socle grâce à l’éducation. L’enfant est ainsi protégé.

Le développement de la figure de l’enfant-roi

Après la seconde guerre mondiale et pendant les années qui suivent, les enfants sont soignés, accompagnés. Il faut certes reconstruire le pays. Puis le développement économique du pays transforme les enfants progressivement en clients.

En parallèle, l’enfant devient sujet de débats, de travaux rendus publics auprès du plus grand nombre. En France, Françoise Dolto sera reconnue comme l’une des spécialistes, psychiatre freudienne. Même si une partie de son héritage aura été mal compris, il est encore aujourd’hui dans l’esprit de beaucoup d’entre vous.

Elle sera notamment à l’origine de l’importance de parler avec son enfant y compris le bébé.

Lui parler oui ! Mais pas en faire un enfant-roi qui choisit tout !

Et c’est bien d’ailleurs ce qu’essaie de faire comprendre Catherine Dolto, psychologue et psychiatre, qui s’inscrit dans la continuité des travaux de sa mère.

De nombreux autres travaux vont dans son sens en France et à l’étranger. Et d’autres spécialistes (la liste est longue !) s’accordent sur ce point.

Jusqu’à quel point est-on prêt à le prendre au sérieux ?

Aujourd’hui je m’interroge en observant plusieurs mouvements :

  • d’une part toujours cette stratégie de vente de jouets, bonbons à destination des enfants, les considérant déjà comme des clients ;
  • d’autre part, des enfants qui font des « petites choses ». Le vocabulaire employé par les adultes pose question sur la réelle prise en considération des gestes commis par les enfants.

Ces dernières semaines, j’ai été témoin ou à l’écoute de personnes témoins de plusieurs cas de violence dans des écoles maternelles ou de harcèlements. Plusieurs parents parlent de violence : « l’enfant tape, l’enfant mort, l’enfant tord le bras, donne un coup de pied dans le dos ».

Des adultes dans certaines écoles répondent que ce sont des « chamailleries ». La définition de la chamaillerie désigne un désaccord, et pas un échange de coups. D’autres adultes en charge de l’enfance dans certains services publics évoquent des bousculades. Bousculer peut être volontaire ou involontaire et désigne le fait de faire malencontreusement tomber quelqu’un. Quand on bouscule, on ne tape pas.

Alors je m’interroge sur ce que certains adultes envoient vibratoirement à l’univers. Non seulement il s’agit d’une lecture différenciée d’une réalité vécue par un enfant et sa famille. Mais en plus c’est un déni profond de l’individu enfant dont tant d’hommes et de femmes ont cherché à préciser les contours ces derniers siècles : leurs droits, les devoirs des adultes à leur égard, leurs compétences. Je peux dire que je fais partie de ceux et celles qui ont cherché à mieux comprendre qui ils sont, ce qu’ils sont.

Quand il y a violence dans une cour d’école, si on utilise un autre champ lexical que celui de la violence, cela cherche-t-il à minimiser les faits ? Et si tel est le cas, peut-on vraiment croire que la réalité holistique de ces faits en est changée ? La question que vous pouvez vous poser est : prend-on vraiment au sérieux ce que vit l’enfant aujourd’hui ?

Dans certaines écoles et certaines institutions, je crois que oui. Et fort heureusement. Simplement, cela n’est pas généralisé partout. Ce témoignage, issu d’observations non quantitatives, m’invite à nous interroger sur notre rôle en tant que parents, grand-parents, adultes conscients.

Voir aussi : https://emilie-m.net/accompagner-son-enfant-se-regarder-soi/

L’importance du verbe

Françoise Dolto, comme d’autres spécialistes, ont expliqué l’importance du langage, de parler, l’importance du verbe.

Plusieurs textes sacrés évoquent le verbe, le son créateur. A l’origine, il y a un souffle, un verbe créateur. Le mot crée, donne du sens, reconnaît une forme.

Mettre les bons mots en face des manifestations, c’est être juste, c’est re-connaître.

Apprendre à un enfant à s’exprimer correctement, c’est lui permettre d’être re-connu par les adultes. Vous pourriez dire que cela permet de connaître l’enfant tout court. Ses prises de parole permettent de connaître une partie de ce qu’il sent intérieurement.

Quand l’adulte utilise d’autres mots pour des faits de violence commis par un enfant, accorde-t-il la même importance à l’enfant qu’à l’adulte ? Est-il prêt réellement à reconnaître l’adulte en devenir chez le tout-petit en face de lui ? Prend-il alors conscience que sans reconnaître certains actes à sa juste valeur, il donne des codes/symboles erronés à l’individu ?

Voir aussi la symbolique : https://emilie-m.net/le-symbolisme-pour-depasser-le-coronavirus/

En conclusion, depuis le siècle des Lumières, une réflexion s’est accélérée sur la place de l’enfant dans la société. Ses droits sont manifestement reconnus. Pour autant, il reste encore à faire évoluer les mentalités de certains adultes afin que l’enfant soit connu en tant qu’être responsable en devenir. Il reste à comprendre que minimiser des actes par le choix de mots erronés, c’est être dans le déni.

Utiliser les bons mots, les symboles justes est essentiel aujourd’hui.

Vous avez des questions ou remarques concernant cet article ? Posez-les en commentaire et j’y répondrai avec plaisir.

Bien à vous,

Émilie Laure

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Références :

Émilie Mondoloni et Évelyne Mounier, Bibliothèques jeunesse en ligne et publics jeunes, in Pierre Morelli et Nathalie Pignard-Cheynel « Le public saisi par les TIC », PUN-Editions universitaires de Lorraine, 2012, pp.289-308.

Emilie Mondoloni, Les séries télévisées à destination des publics préscolaires : un méta-genre télévisuel spécifique, in Recherches en communication, « Les compétences médiatiques des gens ordinaires », publié en 2012

URL : https://ojs.uclouvain.be/index.php/rec/article/view/51993

Emilie Mondoloni, Les téléspectateurs préscolaires : des publics, in Communication, lettres et sciences du langage, publié en 2011

URL : https://clsl.recherche.usherbrooke.ca/vol5no1/MONDOLONI_vol5_no1_2011.pdf

Emilie Mondoloni, Télévision et publics préscolaires : de la réception et des enjeux industriels et politiques, Thèse de Doctorat, Université de Grenoble, 2010.

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